jeudi 11 mars 2010

SOUVENIRS D'UN QUOTIDIEN CONSTANTINOIS

Souvenirs de grand-mère.

Adam s’ennuie et n’aime pas faire la sieste, il trouve toujours un prétexte pour ne pas dormir. Aujourd’hui, il a décidé de piéger sa grand-mère et pour échapper à la sieste, il tente de l’amener à lui raconter ses souvenirs.

Souvenirs, où une époque révolue reprend alors vie, grâce aux récits imagés, mais néanmoins véridiques, de la vieille dame.
- " Djida (grand-mère) , comment était votre quotidien autrefois ? Comment se déroulait votre journée ? "

Nullement dupe du stratagème du petit chenapan, la grand-mère s’y prêtait volontiers, tant elle était convaincue du fait que les petits hommes ont toujours besoin de savoir d’où ils viennent, pour mieux savoir où ils vont.

Elle commençait alors à égrener, par petites touches révélatrices, ses souvenirs… .

Nous nous réveillions le matin pour vite préparer le petit déjeuner. Celui-ci était composé de café, de lait et de beignets frits, le tout préparé sur un feu de braises. Avant cela et s’il s’agissait de notre tour de nettoyer la cour intérieure, on descendait vite à cette cour centrale commune, pour la laver à grande eau en s’aidant, parfois, de cendres, qu’on utilisait comme poudre à récurer.

Il n’y avait pas alors de produits de nettoyage comme maintenant, que ce soit pour la lessive ou la vaisselle on utilisait seulement le savon dit «de Marseille», qui est, en fait, d’origine arabe ou, plus tard, un produit sanitaire, commercialisé sous le nom de CRISTO, à ne pas confondre avec la fameuse marque de Javel « LE TURCO » des premières années de l’Indépendance. 

Après le petit déjeuner, les hommes partis travailler, nous préparions la pâte de la galette et nous la laissions reposer pour nous occuper du ménage de notre intérieur, car tout devait être irréprochable, en ces temps là, on ne plaisantait pas avec la propreté, la santé était un bien précieux et les maladies ne pardonnaient pas. 

Le temps passait vite et il fallait déjà préparer à déjeuner. Les repas, en hiver, étaient le plus souvent à base de « H’sou », sorte de soupe de semoule ou, au dîner, de «Naâ3ma », couscous arrosé de sauce aux légumes ou de lait. En été, piments doux, oignons et tomates étaient incontournables.

En dehors des repas de cérémonies, l’ordinaire était, pour la majorité des Constantinois, « très ordinaire », mais peu parmi eux oubliaient de remercier Dieu pour ses bienfaits et chaque plat, aussi modeste soit-il, était béni par le Nom sacré.

Il n’y avait pas, non plus, d’eau fraîche à satiété. En été, seule de la glace ramenée de la Glacière, qui existait alors au quartier de Saint-Jean, dans les sacs en jute des moulins KAOUKI, servait à rafraîchir le désaltérant liquide, en l’absence de réfrigérateurs.

Mais les gens se contentaient de la relative fraîcheur d’une « Choqala », pot en terre cuite ou de celle d’une « Guerba », outre en peau de chèvre.

Après le déjeuner et après la prière du « Doh’r », un petit somme était le bienvenu, mais ne devait jamais se prolonger, de peur d’approcher la période de la prière du « 3asser », ou dormir n’était pas indiqué dans notre religion.

Au « 3asser », en fin d’après-midi, on préparait une collation faite de café turc et de « S’fendj », beignets ou de « Makroud el maqla », petits gâteaux de semoule et de pâte de datte, frits à la poêle, le tout sur un brasero.
Cette collation était souvent l’occasion pour les femmes de prendre de leurs nouvelles respectives et de papoter un peu. Un peu seulement, car la préparation du dîner ne pouvait attendre et sans jamais médire, car la médisance est un péché capital en Islam.

Après le dîner, dont parfois « Qadid », viande conservée dans le sel, et « Khliy3 » celle-ci conservée, elle, dans l’huile, amélioraient la teneur calorique durant les alors rudes hivers constantinois, arrivait la soirée , celle-ci courte ou longue , selon la saison. 

L’après-dîner est souvent utilisé à certaines tâches domestiques périodiques, ainsi les longues soirées d’été sont, en particulier, consacrées au roulement du couscous, préparant ainsi « El 3aoulà »(littéralement :« sur quoi on peut compter »), sorte de réserve de nourriture des ménages, en des temps où « disette » pouvait, du jour au lendemain, constituer le dramatique quotidien d’une population.

La veillée était, aussi, le moment privilégié des enfants, qui les yeux brillants, la mine tantôt épanouie, tantôt inquiète, s’accrochaient aux beaux contes que relataient, toutes réjouies de ce rôle particulier, leurs grands-mères.

Adam, sans s’en apercevoir s’était endormi pour sa sieste, quelques paroles porteuses de vie sont toujours plus efficaces que les pires menaces de « Ghoula » (ogresse), pour arriver à amadouer ses enfants. Puisse Dieu préserver tous les enfants et leur accorder une vie meilleure que la nôtre. Amen !

                                                                                       Ahmed BENZELIKHA.أحمد بن زليخة

mardi 26 février 2008

Documents sur Constantine
BENZELIKHA Ahmed (1997)أحمد بن زليخة. 

CONSTANTINE. OUVRAGES. NOTICES. ARCHIVES. PERIODE COLONIALE.
Sommaire inventaire analytique, comprenant une brève notice descriptive dequelques ouvrages et documents de la période coloniale directement consacré à la ville de Constantine.


1- ALQUIER (P.), Guide de Constantine, Imp. Paulette et ses Fils, Constantine, 1930. 239 p., nombreuses illustrations.Premier guide touristique de la ville, l’ouvrage dresse un tableau complet du Constantine colonial (c’est l’année du Centenaire), aux volets historique, géographique et culturel. En dix-huit chapitres allant de la géographie physique, aux sites et monuments naturels en passant par Constantine dans la littérature et Constantine française, l’auteur offre au touriste, mais aussi au curieux, un guide de référence.2- ANTOINE (F.), Constantine,Centre Economique, marché de grains et de tissus, Imprimerie du centre Camilli et Fournié, Toulouse, 1930.215 p.Etude du rôle économique joué par Constantine, en particulier dans le commerce céréalier et textile.L’étude s’intéresse tant à l’histoire, aux infrastructures économiques qu’à « l’organisation ethnique » du commerce indigène.3- ARMEE (Service Cinématographique de l’),Revivre, Edité à la requête de M. Maurice Papon Constantine, 1957.53 p.Reportage photographique légendé consacré aux Centres de Regroupement du Nord-Constantinois. Centres résultat du « Travail qui a été entrepris sur le territoire du Département de Constantine (…) au bénéfice des populations musulmanes venues se regrouper autour et à l’abri de nos postes militaires, pour se soustraire aux intolérables et continuelles pressions dont elles sont l’objet de la part des rebelles » comme le souligne le préambule de la brochure.4- BERTHIER (A.), Constantine, Imp. Du Sud, Toulouse, 1965.183 p. 66 illust.Album consacré à Constantine, avec de nombreuses illustrations en couleurs, retraçant son histoire et décrivant ses atours.5- BERTHIER (A.), Constantine, carrefour Méditerranée-Sahara, Attali et Chapelle Co-Editeurs, Constantine, 1961.L’ouverture est une sorte de guide parrainé par la jeune Chambre Economique de Constantine. Il s’agit donc d’une œuvre de promotion du rôle socio-économique de la cité à travers le tourisme.Divisé en six parties, le livre retrace d’abord l’historique de Constantine, en décrit le sîte, puis propose des itinéraires touristiques avant que de présenter les monuments de la ville, pour enfin passer en revue différents grands circuits touristiques.6- CHARLIER (R.) Constantine, Encyclopédie d’outre-Mer, Paris, 1965, 16p. Sorte de brochure, semblant être un tiré-à-part avec de nombreuses illustrations photographiques, une présentation du genre «magazine ».Le texte se divise en plusieurs parties : Le sîte, Cirta punique, Cirta Romaine, Cirta Chrétienne, Constantine dans l’Afrique Musulmane, une ville étrange, une ville berbère, le quartier juif, aspects de la vie Musulmane, scènes populaires, l’architecture Musulmane, un siècle de présence française et Constantine aujourd’hui.7- CHIVE (J.) et BERTHIER (A.), L’évolution urbaine de Constantine 1837-1937, Braham, Constantine,L’ouvrage se présente comme une description géographique de Constantine et de son développement urbain.Description de sîtes, récapitulation des réalisations et point sur l’aménagement urbain de la ville, constituent le propos de ce livre.8- CIRTA-REVUE (Rédaction de), CIRTA-REVUE, 1895-1896, Imp. L. Poulet, Constantine 1986-385 p.Recueil annuel de Cirta Revue, « Revue Littéraire et artistique paraissant à la fin de chaque mois ».Le contenu du recueil est très diversifié, en réunissant nouvelles poèmes, récits, études historiques chansons et dessous.Certains articles sont de très bonne facture, à l’instar de celui consacré par E. MERCIER aux deux sièges de Constantine.9- CLAMEGERAN (J.J), l’Algérie,Impressions de voyage, suivies d’une étude sur les institutions kabyles et la colonisation, Librairie Germer Baillière, Paris, 1874.Impressions d’un voyage accompli par l’auteur en Algérie et qui l’a mené, entre autres, à Constantine. Le récit est truffé d’anecdotes et évoque souvent l’actualité de l’époque.10- COMMUNE DE CONSTANTINE, Rapports du Maire du Conseil Municipal, L. Marle, Constantine, 1861.100 p.Bilan de la gestion de la commune et présentation des budgets, constituent l’objet de cet ouvrage à caractère administratif.11- DUPUCH (A.A), Essai sur l’Algérie Chrétienne, romaine et française et extraits de quelques-uns des sommaires de la traduction de l’Africa Christiana de Morcelli. Imprimerie Royale, Turin, 1847.503 p.Il s’agit d’extraits de l’Africa Christiana abondamment commentés par l’auteur, souvent sans séparation nette entre la citation et son commentaire.L’auteur s’attache à retrouver, in situ, les éléments évoqués dans les sommaires de Morcelli, en soulignant la lignée Romanité, Chrétienté, Francité et la légitimité de la présence française en Algérie.12- DUREAU DE LA MALLE, Province de Constantine, Recueil de renseignements pour l’expédition ou l’établissement des Français dans cette partie de l’Afrique septentrionale Libraire de Giole, Paris, 1837.315 p.Sorte de compilation d’informations-réunis à partir d’ouvrages d’auteurs anciens, grecs, romains et arabes et de voyageurs modernes. L’ouvrage a été écrit au lendemain de l’expédition échouée de 1836. Il se présente comme une somme de renseignements pour l’organisation d’une seconde expédition militaire contre Constantine.13- DOUVRELEUR (Mme), Constantine en 25 tableaux...Editions de la Jeune Académie, Paris, 1931.164 p.Ouvrage écrit sur un ton anecdotique et intimiste. Décrivant divers aspects de la vie quotidienne à Constantine, vue par une « Métropolitaine ».15- ESTRY (STEPHAN D’), Histoire d’Alger, de son territoire et de ses habitants, de ses pirateries, de son commerce et de ses guerres, de ses moeurs et usages, M. Mame et Cie Editeurs, Tours, 1845.384 p.Oeuvre d’un militaire du corps expéditionnaire français, l’ouvrage relate la conquête française de l’Algérie. Les sièges de Constantine y sont longuement décrits par l’auteur, qui y a participé.16- GALIBERT (L.), L’Algérie ancienne et moderne...., Furne et Cie, Paris, 1844.637 p.Ouvrage qui, quoique se présentant comme «historique », constitue en fait une sorte de commentaire sur certains épisodes de l’histoire algérienne et un long exposé des opinions personnelles de l’auteur.17- GAY (E.), l’Algérie d’aujourd’hui, Ancienne Librairie Furne, Combet et Cie, Paris, 1909.437 p.L’ouvrage est un récit de voyage en Algérie , où l’auteur décrit les villes les plus importantes du pays, en mettant en exergue l’oeuvre française.Constantine, jugée comme, de la conquête française, « la ville la plus curieuse à étudier et à voir » est présentée sur trente quatre pages. Dans cette présentation se mêlent description, impressions, anecdotes et propositions d’aménagement urbain.18- GOUVERNEMENT GENERAL DE L’ALGERIE (Département de Constantine), Batna – Constantine – Bone, voyage officiel de M.F. Mitterand, Imp. Attali, Constantine, 1954.60 p.Brochure de présentation du département de Constantine, à l’occasion d’une visite officielle. Programme de la visite, tableau statistiques et nombreuses annexes.19- GOUVERNEMENT GENERAL DE L’ALGERIE (Département de Constantine), Constantine et son Département, Imp. Attali, Constantine, 1953.56 p.Plaquette de présentation historique, administrative et statistique ( NB. Certaines parties sont identifiques à celles présentées dans l’ouvrage cité ci-dessus).20- GOUVERNEMENT GENERAL DE L’ALGERIE (Département de Constantine), Construction d’une préfecture, Constantine, J. Beaumont, Constantine, 1877.Il s’agit d’un programme de concours architectural de rédaction d’un projet de construction d’une préfecture à Constantine. Sorte de cahier des charges divisé en plusieurs chapitres et articles, avec un plan de masse de la construction projetée.21- JOIRE (J.), histoire du lycée d’Aumale de Constantine., Ronéo., Constantine, 1958.22 p.L’auteur retrace, de manière personnelle et lyrique, l’histoire du grand lycée de Constantine, qu’il compare à la suite de Maurice Mercier, au lycée Montaigne de Paris pour la valeur de la culture dispensée dans cet établissement.22-LEON L’AFRICAIN (Hassan El Wazan dit), Description de l’Afrique,Trad., de l’italien par A. Epaulard, Librairie d’Amérique et d’Orient Adrier Maisonneuve, Paris 1956.Traduction du récit de voyage de Léon l’Africain, où quelques pages sont consacrées à Constantine, description du site, historique, description des habitants et de leurs moeurs y trouvent place.23-LETAINTURIER (G.), voyage d’études en Algérie ; Imp. P. Dupont, Paris, 1901.134 p.Recueil d’impressions de voyage, émaillé de descriptions relatant le séjour en Algérie d’un groupe d’instituteurs français de la « Métropole ».24- LOEVENBRUCK (P.) et HELLIN (P.), Les cahiers du Sergent Walter, Ed. Tallandier, Paris, 1930.255 p.Récit romancé, sous forme de mémoires d’un personnage de soldat ayant pris part aux compagnes militaires menées en Algérie.La description des évènements réels, telle la prise de Constantine, alterne avec des épisodes de la vie personnelle imaginaire du « Sergent Walter ».25-MEGNAOUA (C.), le Registre du Caïd El Bled de Constantine, Analyse des Arrêtés, Imp. BRAHAM, Constantine, 1929.32 p.Petit fascicule analytique des arrêtés pris entre 1848 et 1850, par le « Citoyen GOSSELIN », Capitaine de Chasseurs en retraite, Caïd El Bled (Maire) de Constantine, « considérant que les fonctions remplies à Constantine par le Caïd El Bled embrassant trop d’intérêts et sont trop importantes pour être convenablement remplies par un agent indigène » (sic).26- MERLE (E.), Documents inédits sur les deux sièges, de Constantine (1836-37), Imp. . BRAHAM, Constantine, 193 ?,44p.Il s’agit d’un ensemble de correspondances des généraux français Morris et Duvivier, intéressant les deux sièges de Constantine. Les lettres les plus nombreuses sont celle du général Mauris, adressées à sa famille, tandis que celles du général Duvivier sont destinées à ses supérieurs.Les lettres s’échelonnent entre le 1er juin 1836 au 30 septembre 1840.27-NETTEMENT (A.), Histoire de la Conquête de l’Algérie, Librairie J. Lecoffres Paris, 1870.360 p.L’ouvrage consacre plusieurs pages (vingt-huit) à Constantine, dont il retrace la première et la seconde expédition visant à sa prise par l’armée française.28-OFFICIER DE L’ARME FRANCAISE D’AFRIQUE (Un). Journal de l’expédition et de la retraite de Constantine en 1836, J. Correard, Paris, 1837.91 p.L’ouvrage est un journal, tenu par un militaire français, qui aurait participé à l’expédition de Constantine de 1836, qui s’est soldée par un échec.L’ouvrage édité comme un ouvrage militaire (J. Correard est présenté comme éditeur d’ouvrages militaires) constitue un témoignage sur l’expédition et en justifie l’échec, en invoquant nombre de circonstances atténuantes.29- ONDINE DU LYCEE DE CONSTANTINE (Association des), O.L.C. 1936-1938, Imp. Baconnier Frères, Alger, 1938.156 p.Cet ouvrage élaboré dans le cadre des activités d’une association, rassemble en une sorte de recueil divers courts textes (nouvelles, contes, entretiens, impressions, poèmes, etc...) exaltant la natation à Constantine.30-ORLEANS (Duc d’) . Compagnes de l’Armée d’Afrique 1835-1839, Michel Levy, Paris, 1870.458 p.Mémoires du Duc d’Orléans, relatant divers épisodes de la conquête de l’Algérie, dont il fut un des acteurs principaux. Les deux expéditions de Constantine, 1836 et 1837, se voient réservées nombre de pages, du fait de leurs circonstances particulières (échec de 1836 « revanche » de 1837).31-REVUE FRANCAISE (La), Présente Constantine ?, Paris 195 ?-12 p.Constantine dans l’économie de l’Est algérien et saharien par la chambre de commerce de Constantine brochure de promotion socio-économique de la région.32- SOCIETE POUR L’EXPLORATION DE CARTHAGE, Excursions dans l’Afrique septentrionale, Gide libraire et Arthus Bertrand, Paris, 1838.L’ouvrage, sorte de récit de voyage parsemé d’observations scientifiques et de descriptions minutieuses, consacre plusieurs pages à Constantine.Ville dont il commence par donner la longitude et la latitude, à travers l’observation détaillée des hauteurs, puis à en relater la prise, avant que d’en décrire les antiquités et l’état actuel, avec force détails et nombre de remarques. L’ouvrage pourrait être apparenté au genre « mission scientifique », qui a fleuri depuis la Campagne d’Egypte de Bonaparte.33- SOCIETE NATIONALE D’EDITION ET DE PUBLICITE, Une clef pour Cirta, Publical, Alger, 1966.39 p. Hors publicité.Sorte de brochure touristique, présentant quelques aspects de l’histoire, de la géographie et de la culture de Constantine, en reprenant souvent des textes de la période coloniale.34- TROUSELL (M.), 1974-1953, Bilan d’activité de six années de vie municipale, Constantine, 1953.93 p. (IMP.Lefret).Il s ‘agit d’un bilan détaillé de l’activité déployée par la municipalité de Constantine entre 1947 et 1953. Organisation de la municipalité, situation financière et réalisations, sont passées en revue.Les divers secteurs d’activité sont abordés en vue de mettre en relief les efforts consentis par les Ediles entre 1947 et 1953. Ce bilan est l’occasion pour le lecteur de découvrir un panorama des sites constantinois et de l’activité socio-économique et culturelle.35- VERT ET ROUGE (Revue de la Légion Etrangère), La légion en Algérie depuis 120 ans Bureau de la Légion Etrangère, Marseille, 1949.Il s’agit d’un numéro spécial de la revue, où la prise de Constantine occupe plusieurs pages à travers un portrait de Saint Arnaud et la citation in-extenso des écrits de celui-ci, relatant l’assaut et le rôle qu’il y aurait joué, en qualité de capitaine de la légion.


ALTIERE CONSTANTINE, ONDINE CONSTANTINE

Constantine est reconnue, de par le monde, comme un des hauts lieux du tourisme, en termes de sites et de dépaysement. Cet aspect est aujourd’hui perdu de vue, faute d’infrastructures, mais aussi du fait de l’inconséquence des hommes. Constantine était pourtant appréciée, tant par les gens de passage que par ses habitants. C’était un lieu de villégiature, où tant de choses, tant chez les hommes que dans la nature faisaient qu’on s’y attachait.


Gens de savoir, artistes, musiciens et poètes, habiles artisans, honorables négociants, figures épicuriennes, hautes en couleurs, courageuses et généreuses personnalités, fiers serviteurs de Dieu et grands amoureux de la vie, faisaient de cette ville, alors à l’échelle de ses habitants, un endroit privilégié.


Privilégiée, Constantine l’était aussi, par son site grandiose, où roche, eau et verdure se marient en une rare harmonie, pour faire de la ville et de ses environs, un lieu enchanteur, dont la félicité fut maintes fois chantée, en musique « Ksemtini ».


Cette belle musique, dont le raffinement, même en allegro, ne s’est jamais démenti, démontrant la virile douceur des mœurs constantinoises. Musique dont les fluides sonorités, ne manquent jamais d’évoquer, outre le rossignol, le murmure des eaux.


Constantine tirait sa vitalité de ses hommes et de son eau. Car, on ne le souligne pas assez, l’eau était partout, dans les fontaines publiques de la ville et en d’innombrables endroits réputés pour leur beauté.


On citera les bassins « Rémès », au fond des gorges, où par la grâce d’une source généreuse, l’eau coulait à flots, pour le plus grand bonheur des ébats des petits et des bains ou baignades des plus âgés. On pouvait accéder à ces lieux de joie et de détente, grâce au fameux Chemin des touristes, miraculeuse corniche pédestre, qui serpentait à flanc des parois vertigineuses du ravin, offrant au visiteur des sensations uniques au monde.


On citera aussi Sidi M’cid, rare rendez-vous de l’exubérance de la nature, de la dextérité des hommes et de l’émotion d’un dévotion au-delà des croyances des uns et des autres, animistes, juives et musulmanes.


Site féerique, s’il en est, appréciable en toutes saisons, grâce à la source d’eau chaude, dont on ne sait aujourd’hui si elle s’est tarit ou a vu son cours souterrain détourné, à moins, comme me le confiait sérieusement un vieux d’El Ghaba (nom donné aux environs du site), qu’elle ne soit fâchée contre nous.

Cette source alimentait trois piscines, la « P’tite », avec sa pittoresque cascade et son rocher creux, le « Primo » avec sa forme irrégulière et ses abords ombragés dallés de brique, où il faisait bon s’allonger, à même le sol, en été et l’« Olympique » vaste bassin de compétition, avec ses plots, son plongeoir et …ses anneaux olympiques stylisés.


Les piscines et la table réputée du bel établissement que fut le Palmarium (à l’instar de celle du Cirta, du Transat et de l’Aéroport), dont les terrasses donnant directement sur les bassins, furent longtemps, avec le Casino municipal (qui aura vu la prédiction de son rasage, connue à Constantine, effectivement se réaliser), synonymes de joie de vivre constantinoise, une joie de vivre naturelle, une propension à la joie et au divertissement.


Citons aussi la grande voûte souterraine, sous le pont d’El Kantara, lorsque le fleuve disparaît au regard, merveilleuse grotte, où le Rhummel forme un véritable lac sous le roc, où stalagmites et stalactites forment d’étranges silhouettes de piliers gothiques, où fontaines et cascades finissent par charmer, après les yeux, l’oreille.


L’oreille qui entendra plus bas, en aval, le bruit des chutes de Sidi M’cid, que surplombe un pont en pierre taillée, d’où on peut deviner au loin le mausolée de Sidi M’hamed el ghorab et ses gueltas, lieux de cérémonies maraboutiques, où l’eau et les tortues, sont au centre de rites féminins propres à la région.


Que d’eau, aussi, sur les hauteurs, à Djebel el Ouahch, où des travaux d’aménagement et de drainage, ont permis l’apparition de charmants lacs artificiels, au milieu de bois où il fait bon se promener.


Comme il fera toujours bon se promener le soir, sur le Boulevard de l’Abîme, cherchant la mer au delà du mont Chettaba et découvrant finalement les plus beaux couchers de soleil, ici, à Constantine !

                                                                                Ahmed BENZELIKHA.أحمد بن زليخة